de Valère Novarina | traduit du français par Leopold von Verschuer
« Le monologue d’Adramélech » est le début d’une success story sans précédent dans le théâtre francophone. Valère Novarina explore, dans des « auto-dialogues » polyphoniques et labyrinthiques, les fondements anarchiques de la langue, catapulte des néologismes et contourne toute grammaire : « Je cherche par le théâtre des raccourcis dans la pensée. Hors de l’ennuyeux boulevard discursif. Je veux, sur le plateau, voir entrer non « l’Homme » remis aux normes humaines, psychologisé, mais un étranger, un animal dangereux. » Le Monologue d’Adramélech de Valère Novarina, publié pour la première fois en 1975 dans une revue, est ensuite paru en tant que partie de la pièce Le Babil des classes dangereuses en 1978 chez Christian Bourgois, et en1989 dans le tome Théâtre de la maison d’édition P.O.L., Paris, qui, jusqu’au jour d’aujourd’hui, édite l’ensemble de l’œuvre de l’auteur franco-suisse.
Leopold von Verschuer n’est pas seulement traducteur et metteur en scène de ce transcodage audacieux, il est aussi lui-même acteur des trois personnages : créateur et créatures, l’Adam naïf, que nous sommes tous, l’Ève non-naïve, qui est dans chacun de nous, le facteur Peter Prompt, qui a perdu un bras et ne peut pas devenir assassin – une mosaïque indomptable et extrêmement comique d’histoires et de fragments de vies, raconté, chanté, dansé et fêté avec virtuosité à tous les registres.
« Von Verschuer réalise une prouesse : (…) Il rend au théâtre germanophone, qui est de plus en plus textualisé et discursif, (…) la foi en la corporéité du théâtre d’acteurs. » (Die Welt)
Valère Novarina, né en 1947 près de Genève, a grandi en France et a fait des études de philosophie et de philologie à la Sorbonne. Patrice Chéreau dira de lui qu’il est l’écrivain dramatique contemporain français le plus intéressant après le mort de Koltès. En 2006 il entra au répertoire officiel de la Comédie Française.
Son œuvre Adramelech, à l’affiche dans les théâtres de Milan à Los Angeles, un texte de rencontre performative entre le comédien et la langue, a été réédité lors de la mise en scène par l’auteur du Théâtre Vidy Lausanne 2009. Le résultat en était une version augmentée. C’est ce texte qui constitue la base de la traduction allemande de Leopold von Verschuer et de sa première allemande en 2014.